Geneviève Dreyfus-Armand et Maëlle Maugendre nous ont gâté avec cet épisode de l’émission de Xavier Mauduit, Le cours de l’histoire, sur France-Culture, diffusé le 12 octobre dernier. Les deux historiennes évoquent l’exode massif des Espagnols en France, avec toutes les nuances caractéristiques de leur discipline. A réécouter !
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Les 3èmes Rencontres franco-espagnoles
Enfants de la guerre. Enfants de l’exil d’hier et d’aujourd’hui
Montpellier les 2-6-9-10 décembre 2022 Sète les 4-7-8 décembre 2022 Contact: Manuela Parra voixdelextreme@gmail.com Programme complet sur le blog: https://voixdelextremepoesieetculture.blogspot.com
Album-photos « Exilio en Francia febrero 1939 a […] » AJARAC
Josep Bartolí
Tous les dessins sont publiés dans le numéro 13/14 de la revue Exils et migrations ibériques aux XXe et XXIe siècles, avec l’aimable autorisation de Georges Bartolí (voir l’article de Cécile Vilvandre-Cañizares, « Les dessins de Josep Bartolí : une mise en scène poignante de la guerre et de la réalité des camps »).
Peintre, illustrateur, dessinateur, caricaturiste, Josep Bartolí, né à Barcelone en 1910, a aussi travaillé dans le domaine de la scénographie, des décors et des costumes pour le théâtre. Il s’initie très jeune à la caricature et au dessin de presse. À partir de 1933 il devient plus connu et ses dessins sont de plus en plus demandés.
Peu avant que n’éclate la Guerre Civile, avec Shum (de son vrai nom Alfons Vila i Franquesa) et Helios Gómez, il organise le SDP (Syndicat des Dessinateurs Professionnels). Dès le début du conflit, il rejoint le front d’Aragon dans les rangs de la colonne de Caritat Mercader. Il intègre ensuite le corps des commissaires de guerre.
Le 14 févier 1939, sa compagnie couvre la retraite des troupes républicaines vers la frontière française et la traversée du col de Lamanère. À partir de février 1939 il passe par sept camps d’internement français. Les dessins de ses cahiers, réalisés au crayon noir, sont un témoignage à vif d’une extrême intensité dramatique sur l’univers de dénuement et de souffrances de ces non-lieux.
C’est au Mexique, à partir de 1942, qu’il redécouvrira la couleur et la peinture auprès de Frida Kahlo et de Diego Rivera. La Chronologie Biographie du Catalogue de l’exposition Couleurs d’exil qui lui est actuellement consacrée au Mémorial de Rivesaltes, montre combien Josep Bartolí a toujours été attiré par le monde du théâtre.
Appartenant à une famille d’artistes et ayant baigné dans sa jeunesse dans le milieu de la musique et du spectacle, entre 1940 et 1942, avec son frère Joaquim, il collabore avec le célèbre costumier des musics-halls parisiens Max Weldy à un spectacle sur Marco Polo avec des maquettes et des dessins de costumes. Il poursuivra en tant que dessinateur de costumes et de décors dans de grandes firmes de cinéma au Mexique puis à Hollywood pour les studios de la MGM. À Mexico il réalise la scénographie de l’œuvre Cora i la magrana (Cora et la grenade) d’Agustí Bartra.
Infatigable voyageur, son œuvre de résistance est imprégnée de critique sociale et, partout où il ira, son œuvre artistique fera passer des messages plus particulièrement liés aux thèmes de l’oppression. Dans les années soixante, les grands conflits internationaux de l’époque conduisent Josep Bartolí à traiter à nouveau, par les mots et le graphisme, le thème de la guerre dans son livre Caliban, dont le titre est inspiré par le personnage de la pièce de Shakespeare La Tempête. Dans les années 70, il créera de grandes narrations avec des séries de peintures comme la toile Hotel con treinta habitaciones, ou le Proyecto de mural para un panteón, pièce gigantesque constituée de 112 peintures.
Mais comme le déclare, son neveu, George Bartoli, commissaire de l’exposition, « sa véritable signature, mis à part son nom, tient [aussi] dans sa capacité à synthétiser beaucoup de choses en un seul dessin ». (autrice : Cécile Vilvandre-Cañizares)
EXPOS sur l’exil républicain espagnol
L’Association 24 août 1944 et Les Territoires de la Mémoire (Liège) vous proposent
deux expositions photographiques sur l’exil républicain espagnol
https://exiles.territoires-memoire.be/
https://www.24-aout-1944.org/EXILES-des-resistants-de-la
EXILÉS, des résistants de la Retirada à aujourd’hui
Chemins de l’exil. Philippe Gaussot.
L’exode de 500.000 Espagnols passant les Pyrénées en Février 1939, plus connu aujourd’hui sous le nom de «Retirada », a été très documenté principalement par des photographes tels que Robert Capa ou Agusti Centelles ainsi que par de nombreux autres restés anonymes.
Le témoignage photographique de Philippe Gaussot, resté inédit jusqu’en 2019, porte un regard non seulement sur ce passage de la frontière mais aussi sur les conditions dramatiques de « l’accueil », quelque peu effacé, à même le sable des plages du Roussillon. Enfin ses pas, d’humanitaire, dirait-on aujourd’hui, l’ont mené à recueillir les regards et les visages des enfants basques et catalans accueillis, en l’occurrence par l’action du Comité National Catholique.
La sangre no es agua. Le sang n’est pas de l’eau.
de Pierre Gonnord.
Le reportage photographique de Pierre Gonnord a été effectué en 2019. Pierre Gonnord s’est intéressé à ce qu’étaient devenus ces défenseurs de la Liberté, pour celles et ceux encore en vie mais aussi à leurs enfants.
Comment chez ces exilés, l’histoire familiale a charrié leur mémoire mêlée à la grande Histoire, qu’ont-ils fait de leurs expériences et quelle a été leur transmission ? Pierre Gonnord apporte une réponse.
Parce qu’il existe cette unité de temps, mais pas seulement, l’association 24 Aout 1944, une des porteuses de la mémoire des Républicains espagnols a voulu rassembler ces deux expositions. Celle de Philippe Gaussot nous ramène plus de 80 ans en arrière, celle de Pierre Gonnord nous laisse les traces, aujourd’hui, des derniers survivants et de celles et ceux qui ne sont plus.
Cette exposition sera accessible du 5 mars au 22 mai, avec plusieurs propositions d’animation (expositions, projections, débats, visites accompagnées…) consultez le programme sur : EXILES.TERRITOIRES-MEMOIRE.BE
– Une histoire encore si peu connue en Belgique et qui, pourtant, est très proche de nous.
– Ces expositions amènent le spectateur à réfléchir sur les exils aujourd’hui.
– Visite animée sur la guerre d’Espagne adaptée à chaque public à partir de 15 ans à la demande
POUR ALLER PLUS LOIN
– Rencontre – animation avec l’association « 24 août 1944 » possible, sur réservation, aux dates suivantes, heures à déterminer:
– 31 mars, 01 avril, 02 avril 2022
– 20, 21, 22, 23 avril 2022
– Des activités seront organisées autour de ces deux expositions.
Pour en savoir plus, prenez-contact avec le service projets des Territoires de la Mémoire:
projets@territoires-memoire.be – 032 4 232 70 02.
RÉSERVATIONS :
032 4 230 70 50
DU 5 MARS AU 22 MAI
Journée d’études : les voix de la Retirada
Marta López Izquierdo, Allison Taillot, Mercedes Yusta Rodrigo organisent une journée d’études internationales le jeudi 17 juin pour rendre compte de l’avancée du projet CAREXIL, avec un riche programme à découvrir ici :
L’événement aura lieu en ligne, voici le lien de connexion sur Zoom :
https://zoom.us/j/95038936444?pwd=cnVwbzRpUjA0Y00rK25iTTZUbU9VQT 09
ID de reunión: 950 3893 6444
Código de acceso: 609255
Radio : Exils et accueil, de la Retirada à aujourd’hui
Une émission réalisée par FM+ (Guylaine Dubois) en partenariat avec radio Lenga d’Oc (Bruno Cécillon), Jazz IN (Paul Esgleas) et l’Eko des garrigues, dans le cadre de la série « Itinérances » produite par l’ARRA avec le soutien de la Région Occitanie. Producteur délégué : Manuel Plaza Toro.
Les 20ème et 21ème siècles resteront probablement ceux de toutes les migrations. Ce ne sont pas les guerres mondiales qui ont vidé les terres, les pays, ce sont les migrations proclame Erri de Luca, en préambule à ce documentaire radiophonique Itinérances. Les populations qui fuient les conflits, les persécutions ou la misère, avec leur grande diversité de causes demeurent une triste constante de l’histoire.
Si l’impact sociétal des migrations contemporaines semble culminer de manière inédite, c’est sûrement parce-que nos réseaux globalisés ne nous permettent plus d’ignorer quoi que ce soit et que chacun est désormais le témoin du sort des tous. Des dirigeants et des responsables politiques peu scrupuleux ont ainsi compris ce qu’ils avaient à gagner en agitant le spectre de la submersion étrangère. Comme s’ils était inacceptable et honteux de chercher simplement à vivre. Réfugiés, déplacés, demandeurs d’asile, migrants…au fond, peu importe l’étiquette. Un mot suffit à qualifier cette itinérance : l’exil.
Sans prétendre à une analyse globale, ni à une étude des lieux exhaustive, nous avons donné la parole à des descendants de réfugiés, des écrivains, des intellectuels, des artistes, des responsables d’associations et aussi à des personnes qui ont risqué leur vie par arriver jusqu’en France et parfois sur des embarcations de fortune. En croisant ces voix et ces expertises, nous avons tenté de comprendre ces exodes d’aujourd’hui qui font écho à la Retirada en 1939, dont les 80 ans ont été commémorés en 2019.
Les Républicains espagnols à Rivesaltes
Geneviève Dreyfus-Armand, présidente d’honneur du Cermi, vient de publier un nouvel ouvrage aux Editions Loubatières, dans la collection Récits et témoignages : Les Républicains espagnols à Rivesaltes : D’un camp à l’autre, leurs enfants témoignent – janvier 1941-novembre 1942.
À partir de janvier 1941, des familles de républicains espagnols arrivent au camp de Rivesaltes. Un camp de plus sur leur long parcours d’indésirables. Pendant toute l’existence du camp, les Espagnols représentent toujours plus de la moitié des effectifs des internés. Longtemps passé sous silence, cet enfermement de familles entières resurgit ici dans les mémoires et dans l’histoire. Si les hommes sont incorporés dans les groupements de travailleurs étrangers (GTE) mis en place par le régime de Vichy, femmes et enfants restent confinés dans ce lieu inhospitalier, glacial en hiver et torride en été, où règnent la promiscuité, l’insalubrité et la faim. Où la mort rôde, notamment autour des enfants les plus jeunes, malgré l’aide apportée par des œuvres d’assistance dépassées par l’ampleur de la tâche. Sur les chemins de l’exil depuis 1939, parfois depuis plus longtemps, ces familles espagnoles ont connu les aléas de centres d’hébergement répartis sur tout le territoire puis les camps lorsque ces refuges ferment. Ces femmes et ces enfants sont alors transférés à Rivesaltes, surtout lorsque le camp d’Argelès est évacué suite aux inondations de l’automne 1940. Si le camp de Rivesaltes n’est pas le premier pour les réfugiés espagnols, il n’est pas non plus le dernier, puisqu’ils seront pour beaucoup transférés à Gurs en novembre 1942. Certains connaissent ainsi de multiples camps entre 1939 et 1944, transférés sans cesse de l’un à l’autre. Douze témoignages émanant de cinq femmes et de sept hommes, nés entre 1924 et 1939, évoquent cet univers d’enfermement et d’arbitraire. Ils sont présentés, contextualisés et mis en perspective par une historienne spécialiste de l’exil républicain espagnol.
Geneviève Dreyfus-Armand aborde également ce sujet dans le dernier numéro de l’Histoire (décembre 2020) dans un article « 200000 réfugiés sur les plages ».
Répression, exodes, exils d’hier et d’aujourd’hui
Rencontres franco-espagnoles organisées par « Voix de l’extrême Poésie et culture » et « Voces del extremo » à Montpellier et Sète du 5 au 7 décembre prochain avec un beau programme de conférences, de récitals et d’expositions sur les camps en France et le camp de la Magdalena à Santander (Cantabrie). Geneviève Dreyfus-Armand, fondatrice et présidente d’honneur du CERMI et Anita Gonzalez-Raymond, membre du CERMI y contribueront.