Carlos Ramírez Carreras, fils d’Adelita del Campo et de Julián Antonio Ramírez, a déposé une grande partie des archives de ses parents à la Biblioteca valenciana Nicolas Primitiu (fonds AJARAC). Mais il a conservé quelques pièces, comme les agendas de sa mère, qu’Adelita del Campo a commencé dès la guerre d’Espagne jusqu’à sa mort en 1999.
L’historien Francisco Moreno Sáez a entrepris la transcription de ce très riche témoignage intime de la vie d’une exilée espagnole, qui note jour après jour à la fois ce qu’elle fait mais aussi ses sentiments et ses impressions.
Les années 1940 et 1941 sont manquantes, mais Francisco Moreno Sáez a déjà partagé la transcription des années 1942-1944 :
Les archives personnelles d’Adelita del Campo et de Julián Antonio Ramírez conservées à la Biblioteca Valenciana Nicolas Primitiu (BVNP) comptent un riche fonds iconographique, composé de sept albums-photos et de nombreuses photos isolées : trois d’entre eux sont composées de photos personnelles, tandis que les quatre autres sont des books liés à leur activité théâtrale.
L’album-photo intitulée « De los tres años de guerra » (AJARAC 315) a été réalisé par Adelita del Campo avec des photos prises entre 1937 et 1938 qu’elle a réussi à emmener en France lors de la Retirada et qu’elle a pu conserver tout au long de son itinérance en France pendant la Seconde Guerre mondiale (voir article de Sandrine Saule, « Des chemins de l’exil à la Biblioteca Valenciana Nicolas Primitiu : les archives de Julián Antonio Ramírez et d’Adelita del Campo », Exils et migrations ibériques aux XXe et XXIe siècles, n°13-14, été 2022).
Tous les dessins sont publiés dans le numéro 13/14 de la revue Exils et migrations ibériques aux XXe et XXIe siècles, avec l’aimable autorisation de Georges Bartolí (voir l’article de Cécile Vilvandre-Cañizares, « Les dessins de Josep Bartolí : une mise en scène poignante de la guerre et de la réalité des camps »).
Peintre, illustrateur, dessinateur, caricaturiste, Josep Bartolí, né à Barcelone en 1910, a aussi travaillé dans le domaine de la scénographie, des décors et des costumes pour le théâtre. Il s’initie très jeune à la caricature et au dessin de presse. À partir de 1933 il devient plus connu et ses dessins sont de plus en plus demandés.
Peu avant que n’éclate la Guerre Civile, avec Shum (de son vrai nom Alfons Vila i Franquesa) et Helios Gómez, il organise le SDP (Syndicat des Dessinateurs Professionnels). Dès le début du conflit, il rejoint le front d’Aragon dans les rangs de la colonne de Caritat Mercader. Il intègre ensuite le corps des commissaires de guerre.
Le 14 févier 1939, sa compagnie couvre la retraite des troupes républicaines vers la frontière française et la traversée du col de Lamanère. À partir de février 1939 il passe par sept camps d’internement français. Les dessins de ses cahiers, réalisés au crayon noir, sont un témoignage à vif d’une extrême intensité dramatique sur l’univers de dénuement et de souffrances de ces non-lieux.
C’est au Mexique, à partir de 1942, qu’il redécouvrira la couleur et la peinture auprès de Frida Kahlo et de Diego Rivera. La Chronologie Biographie du Catalogue de l’exposition Couleurs d’exil qui lui est actuellement consacrée au Mémorial de Rivesaltes, montre combien Josep Bartolí a toujours été attiré par le monde du théâtre.
Appartenant à une famille d’artistes et ayant baigné dans sa jeunesse dans le milieu de la musique et du spectacle, entre 1940 et 1942, avec son frère Joaquim, il collabore avec le célèbre costumier des musics-halls parisiens Max Weldy à un spectacle sur Marco Polo avec des maquettes et des dessins de costumes. Il poursuivra en tant que dessinateur de costumes et de décors dans de grandes firmes de cinéma au Mexique puis à Hollywood pour les studios de la MGM. À Mexico il réalise la scénographie de l’œuvre Cora i la magrana (Cora et la grenade) d’Agustí Bartra.
Infatigable voyageur, son œuvre de résistance est imprégnée de critique sociale et, partout où il ira, son œuvre artistique fera passer des messages plus particulièrement liés aux thèmes de l’oppression. Dans les années soixante, les grands conflits internationaux de l’époque conduisent Josep Bartolí à traiter à nouveau, par les mots et le graphisme, le thème de la guerre dans son livre Caliban, dont le titre est inspiré par le personnage de la pièce de Shakespeare La Tempête. Dans les années 70, il créera de grandes narrations avec des séries de peintures comme la toile Hotel con treinta habitaciones, ou le Proyecto de mural para un panteón, pièce gigantesque constituée de 112 peintures.
Mais comme le déclare, son neveu, George Bartoli, commissaire de l’exposition, « sa véritable signature, mis à part son nom, tient [aussi] dans sa capacité à synthétiser beaucoup de choses en un seul dessin ». (autrice : Cécile Vilvandre-Cañizares)