Ce livre est un dialogue bouleversant entre un père républicain espagnol exilé en France, déporté en 1940 à Mauthausen, et son fils Llibert Tarragó. Llibert Tarragó est membre du Centre d’Études et de Recherches sur les Migrations Ibériques (CERMI). Il a participé aux numéros 9/10 et 13/14 de la revue Exils et migrations ibériques aux XXe et XXIe siècles, disponibles chez Riveneuve Editions ou sur Cairn.info.
Geneviève Dreyfus-Armand, présidente d’honneur du Cermi, vient de publier un nouvel ouvrage aux Editions Loubatières, dans la collection Récits et témoignages : Les Républicains espagnols à Rivesaltes : D’un camp à l’autre, leurs enfants témoignent – janvier 1941-novembre 1942.
À partir de janvier 1941, des familles de républicains espagnols arrivent au camp de Rivesaltes. Un camp de plus sur leur long parcours d’indésirables. Pendant toute l’existence du camp, les Espagnols représentent toujours plus de la moitié des effectifs des internés. Longtemps passé sous silence, cet enfermement de familles entières resurgit ici dans les mémoires et dans l’histoire. Si les hommes sont incorporés dans les groupements de travailleurs étrangers (GTE) mis en place par le régime de Vichy, femmes et enfants restent confinés dans ce lieu inhospitalier, glacial en hiver et torride en été, où règnent la promiscuité, l’insalubrité et la faim. Où la mort rôde, notamment autour des enfants les plus jeunes, malgré l’aide apportée par des œuvres d’assistance dépassées par l’ampleur de la tâche. Sur les chemins de l’exil depuis 1939, parfois depuis plus longtemps, ces familles espagnoles ont connu les aléas de centres d’hébergement répartis sur tout le territoire puis les camps lorsque ces refuges ferment. Ces femmes et ces enfants sont alors transférés à Rivesaltes, surtout lorsque le camp d’Argelès est évacué suite aux inondations de l’automne 1940. Si le camp de Rivesaltes n’est pas le premier pour les réfugiés espagnols, il n’est pas non plus le dernier, puisqu’ils seront pour beaucoup transférés à Gurs en novembre 1942. Certains connaissent ainsi de multiples camps entre 1939 et 1944, transférés sans cesse de l’un à l’autre. Douze témoignages émanant de cinq femmes et de sept hommes, nés entre 1924 et 1939, évoquent cet univers d’enfermement et d’arbitraire. Ils sont présentés, contextualisés et mis en perspective par une historienne spécialiste de l’exil républicain espagnol.
Geneviève Dreyfus-Armand aborde également ce sujet dans le dernier numéro de l’Histoire (décembre 2020) dans un article « 200000 réfugiés sur les plages ».