Marie-Claude Chaput, professeure émérite au département d’Etudes hispaniques et latino-américaines, nous a quittés le 31 août à l’âge de 78 ans. Elle laisse un grand vide dans notre communauté.
Après des études d’Espagnol et d’Histoire à la Sorbonne, Marie-Claude Chaput obtint l’agrégation d’espagnol en 1971. En 1983, après plusieurs années d’enseignement en lycée, qu’elle considérait comme les plus formatrices de sa carrière, elle obtint son premier poste dans l’enseignement supérieur à l’Université de Rennes, où elle enseigna de 1983 à 1989. Ces années furent consacrées à la préparation de sa thèse, L’image de l’Espagne agraire dans la presse 1930-1933 sous la direction de Jean Coste à Paris X. Après sa soutenance en 1988, elle rejoignit l’Université Paris X, où elle enseigna d’abord comme maître de conférences, puis à partir de 1998, comme professeure des universités, jusqu’à son départ à la retraite en 2012.
Spécialiste de l’Espagne contemporaine, elle consacra une grande partie de ses travaux à la presse. Aussitôt arrivée à l’Université de Rennes, elle s’intégra dans l’équipe PILAR PILAR2 (Presse, Imprimés, Lecture dans l’Aire Romane), dirigée alors par Jean-François Botrel. L’équipe fut transformée en association en 1996, et Marie-Claude Chaput en fut la présidente durant cinq ans (2004-2009). En 2016, PILAR rendit hommage à l’ensemble de sa carrière avec un colloque en son honneur, « Intellectuels et médias dans les Espaces lusophones et hispanophones (XIXème-XXIème siècles) ».
L’inédit d’habilitation à diriger des recherches de Marie-Claude Chaput, L’Andalousie de 1971 à 1982 dans Triunfo, témoigne de son intérêt pour la presse et fut encadré par Jacques Maurice, son prédécesseur dans la chaire d’Espagne contemporaine de notre université et fondateur, en 1989, du séminaire consacré à ce domaine, dont Marie-Claude Chaput prit la direction en 1998. Avec Bernard Sicot, elle créa le Groupe de Recherches Résistances et Exils (GREX), et fut à l’origine du Groupe de Recherches Idéologies, Société, Représentations (GRISOR), qui fédéra des chercheurs spécialistes de l’Espagne et de l’Amérique contemporaine. Entre 2000 et 2011, elle fut successivement directrice du DEA d’Etudes ibériques et ibéro-américaines, du Master Etudes Romanes, de l’Unité de Recherches Etudes romanes et du CRIIA, Centre de Recherches Ibériques et Ibéro-américaines, en alternance avec Bernard Darbord et Thomas Gomez.
Marie-Claude Chaput noua d’étroites collaborations avec la Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine (BDIC), alors dirigée par Geneviève Dreyfus Armand. Elle fut un des piliers du CERMI, Centre d’Etudes et de Recherches sur les Migrations Ibériques, prit une part importante dans les revues Matériaux pour l’histoire de notre temps et CRISOL, revue du CRIIA dirigée alors par Thomas Gomez. Marie-Claude Chaput et Thomas Gomez codirigèrent le département d’Espagnol et entreprirent de nombreuses collaborations scientifiques sur le plan national et international, notamment avec l’Espagne et l’Amérique latine, qui se poursuivent encore aujourd’hui. Elle prit part aux projets de collègues d’autres disciplines, comme celui de Francis Demier, « Les nations et l’Europe : deux mémoires en parallèle ». Responsable de la collection Regards sur le XXème siècle espagnol, désormais Regards sur l’Espagne contemporaine des Presses de Paris Nanterre, elle se préoccupait, il y a quelques semaines encore, de la mise en ligne des anciens numéros. C’est dans cette même collection que sont parus les actes du colloque célébré en son honneur à Nanterre en 2015, La construcción de la democracia en España. Espacios, representaciones, agentes y proyectos, coordonné par Mercè Pujol, Allison Taillot, Julio Pérez Serrano et moi-même.
Le rayonnement de Marie-Claude Chaput sur le plan international permit la collaboration avec de nombreuses universités en Espagne parmi lesquelles la Autònoma de Barcelona, Cadix, Castilla la Mancha, Carlos III de Madrid, Complutense de Madrid, Oviedo. Avec Julio Pérez Serrano, du Grupo de Estudios de Historia Actual de l’Université de Cadix, elle créa en 2008 les journées d’études consacrées à la Transition démocratique espagnole qui se sont tenues tous les ans au Collège d’Espagne, et auxquelles ont également participé les Universités de Bourgogne, Brest, Nantes, Paris Est Créteil, Perpignan, ainsi que de nombreuses universités espagnoles. Ces journées, qui ont connu leur XIIème édition en 2022, sont devenues un rendez-vous incontournable pour les spécialistes de la contemporanéité espagnole et ont permis à de nombreux jeunes chercheurs de se faire connaître.
Ce qui tenait certainement le plus à cœur à Marie-Claude était ses doctorants, auxquels elle a prodigué ses conseils, qui sont restés jusqu’au bout très proches d’elle, et qui ont repris le flambeau. Nous autres, qui avons eu la chance de la côtoyer, nous rappelons la généreuse intelligence et la bonne humeur de cette travailleuse infatigable, son sens du collectif, son amitié indéfectible.
Marie-Claude Chaput sera inhumée au cimetière de Saint-Sébastien, dans la Creuse, mercredi 7 septembre, dans l’intimité familiale. Le département d’Etudes hispaniques et latino-américaines, l’UFR LCE, l’UR Etudes romanes et le CRIIA lui rendront bientôt hommage dans notre université, à laquelle elle a tant donné, et s’associent à la peine de sa sœur Monique, de sa famille et de ses proches. Un abrazo y hasta siempre, Marie-Claude.
Zoraida Carandell
Professeure au département d’Etudes hispaniques et latino-américaines, UFR LCE
Présidente du CERMI