Où l’imposture fait le lit du négationnisme :

Faux témoignages et exploitation pornographique du destin des républicaines espagnoles déportées à Ravensbrück

“Le plus grand bordel du Troisième Reich” : c’est ainsi qu’est présenté le camp de Ravensbrück dans le livre El barracón de las mujeres, de Fermina Cañaveras, paru il y a quelques mois en Espagne chez Espasa. L’ouvrage prétend raconter “la dure réalité des femmes espagnoles obligées de se prostituer dans le camp de concentration de Ravensbrück”. Une telle publication met en lumière la façon scandaleuse dont certains récits s’emparent de cette histoire douloureuse : sans aucune rigueur ni exigence éthique. Elle informe aussi sur l’accueil médiatique réservé à ce genre d’ouvrages : accueil d’autant plus déplorable et grave qu’il intervient dans un contexte plus large où les politiques mémorielles instaurées ces dernières années en Espagne sont remises en question.

Face à la publication de ce livre – d’abord présenté comme « ouvrage historique » puis comme « roman » et devenu un véritable “best-seller” en Espagne – le CERMI partage l’indignation exprimée par nombre de descendants et de descendantes des femmes déportées, et par les historiennes, et les historiens spécialistes de la déportation des républicaines espagnoles dans ce camp nazi.  

Plusieurs descendant.e.s de survivantes du camp ont ainsi fait part de leur indignation face aux mensonges et manipulations de la réalité historique présentés dans l’ouvrage, que son autrice avait pourtant présenté à plusieurs reprises comme le fruit de longues recherches documentées.

Leur lettre de protestation publiée dans le journal El País le 15 février 2024 :

Voir également l’article (en français et en espagnol) signé par Insa Eschebach et Pascale Bos proposant une réflexion sur la pornographisation du camp de concentration pour femmes de Ravensbrück”, ainsi que sa traduction en français par Regina Mühlhäuser :

Ces études scientifiques tout comme les travaux de Mar Trallero, Tiphaine Catalan, Rocío Negrete, d’Amalia Rosado, montrent que, contrairement à ce que prétend Fermina Cañaveras,  les recherches sérieuses et rigoureuses sur ce sujet existent depuis longtemps.

Le sujet est aussi abordé dans un récent article du Monde :

La scabreuse fausse histoire espagnole du bordel de Ravensbrück (lemonde.fr)