Un nouveau livre de Geneviève Dreyfus-Armand sur Septfonds

Geneviève Dreyfus-Armand, fondatrice et présidente d’honneur du CERMI, a publié en mai dernier Septfonds 1939-1944. Dans l’archipel des camps français aux éditions Le Revenant Editeur.

En mars 1939, un camp a été ouvert à Septfonds, en Quercy, afin de rassembler ceux que l’on appelait alors des « étrangers indésirables » : des réfugiés ayant dû fuir leur pays pour sauver leur vie ou leur liberté. Créé à la hâte pour désengorger les camps du Roussillon, celui de Septfonds a rassemblé d’abord des républicains espagnols vaincus par les franquistes aidés par les nazis et les fascistes. Sans limite de durée, en application du décret du 12 novembre 1938, l’internement frappait ainsi des milliers d’hommes non pour ce qu’ils avaient fait, mais pour ce qu’ils étaient. Plus de seize mille Espagnols ont été parqués dans ce camp puis enrôlés dans l’économie de guerre et les combats du printemps 1940 avant d’être, pour certains, déportés à Mauthausen.
Emblématique des modes de coercition mis en place dès la IIIe République et considérablement aggravés sous le régime de Vichy, le camp de Septfonds a rempli diverses fonctions.
En 1940, il fut destiné à l’entraînement et à la démobilisation de militaires alliés – tels des Polonais – et de volontaires engagés dans les régiments de marche de la Légion étrangère, dont de nombreux Juifs ayant fui leurs pays sous domination nazie.
Devenu dès 1941 instance de triage pour étrangers « en surnombre dans l’économie nationale » et cantonnement de divers groupes de travailleurs étrangers, le camp fut aussi, en 1942, le point de départ vers Auschwitz de près de trois cents Juifs, de familles entières raflées en Tarn-et-Garonne et dans le Lot.
Pour la première fois sont reconstitués les itinéraires de ces réprouvés, les mutations successives de ce lieu de contrainte et de non-droit dont ont notamment témoigné le psychiatre François Tosquelles, l’écrivain Arthur Koestler, le photographe Isaac Kitrosser et plusieurs peintres espagnols. Car, malgré l’extrême précarité, l’omniprésence de la maladie et de la mort, une riche vie culturelle a pu éclore entre ces barbelés.